« Alors qu’on fête les 100 ans de la naissance de Boris Vian, le nom d’Alain Goraguer revient sous les feux de l’actualité, car le musicien fut un compagnon de route de l’homme à la trompinette. D’abord accompagnateur de Vian, le pianiste, qui débuta par le violon son éducation musicale, devint vite son complice dans l’écriture des chansons (La Java des bombes atomiques; Fais-moi mal Johnny…). De cette rencontre, Goraguer disait : « Boris m’a apporté beaucoup, nous étions très amis… jusqu’à sa mort pendant la projection de J’irai cracher sur vos tombes dont j’avais signé le musique. J’y étais, il était assis juste devant moi… Une bien triste chose. » On retrouve donc les morceaux imaginés pour la film, tel Le Blues de Memphis ou la savoureuse Surprise-partie au bord de l’eau dans le deuxième CD du coffret où l’on peut aussi entendre les musiques originales de L’Eau à la bouche, de Jacques Doniol-Valcroze, co-signés avec un certain Serge Gainsbourg. Entre autres. Redécouvrir l’univers d’Alain Goraguer, c’est aussi se souvenir du nombre impressionnant d’artistes avec lesquels cet amoureux du swing travailla : outre les six premiers albums de Gainsbourg, il y eut Bobby Lapointe et surtout Jean Ferrat, dont il assurera les arrangements de tous les albums sous le pseudo de Milton Lewis. Homme de notes, Alain Goraguer fut aussi un défenseur de l’improvisation qu’il présentait comme « un chemin normal pour la composition ; l’improvisation, c’est fugitif, il n’en reste rien et pui si le thème se répète, ce n’est plus de l’improvisation ». Ayant l’originalité d’enregistrer en deux prises, avec deux orchestres différents, Alain Goraguer -né en août 1931 en Seine-Saint-Denis, n’a jamais cessé de cultiver les rencontres. En 2008, c’est lui qui a signé les arrangements de l’album Dante, d’Abd al Malik. On le voit en quelques lignes, le nom de ce compositeur mérite une place à part sur l’écran noir de nos mémoires… »
Par François CARDINALI - TRAVELLINGUE
Par François CARDINALI - TRAVELLINGUE