« Ce coffret de trois CDs 1949-1962 va devenir une référence incontournable. Dans le coffret “Accordion in Americas, 1949-1962”, les directeurs artistiques Teca Calazans et Philippe Lesage déclinent l’accordéon américain en soixantedix titres. De la musique rurale trad’ aux riches harmonies du choro en passant par le jazz nord-américain, l’accordéon s’est adapté à tous les contextes musicaux. Il se fait soutien de la voix et du texte quand il s’insère dans les traditions folkloriques, leader d’un groupe de danse (par exemple le trio colombien Seibano présent avec sept titres), soliste sous les doigts d’un Sivuca ou se fondant dans des alliages sonores (vibraphone, guitare, accordéon) chez le jazzman Art Van Damme. Brésilien, jazz, roots Le CD n°1 est plutôt brésilien. On trouve Luis Gonzaca et Sivuca, chacun sur cinq titres, dont les fabuleux Carioquinha no flamenco et Tico tico (1952) au swing impressionnant par Sivuca, les magnifiques Sanfonando (enregistré en solo en 1942) et Vira e mexe enregistré en 1950 avec le Jacob de Bandolim par Luis Gonzaca. Moins connu par ici, l’excellent Chiqhinho Do Accordéon est présent sur cinq titres au sein d’un ensemble comprenant guitare, piano, contrebasse et batterie (les belles versions de Brazil, Brasilheirino et Delicado) et sur quatre autres au sein du trio Surdina, formation originale avec guitare, violon et sifflet (les très convaincants Rio et Risque de 53). Le CD n°2 est américain et totalement jazz. On y retrouve la crème des accordéonistes ricains apparus après la Seconde Guerre mondiale : Mat Mathews (le sublime Summertime avec un Oscar Petitford royal à la contrebasse en 1961), huit titres de Tommy Gumina avec Buddy de Franco (son solo explosif sur Scrapple From the Apple ou ses fusées sur How High is the Moon ou S’Wonderful), six morceaux d’Art Van Damme pour une musique swinguante mais un peu « policée » (dixit Didier Roussin). Il y a aussi les moins connus Pete Jolly (surtout connu comme pianiste) ou Orlando Digirolamo, d’origine italienne. Le CD n°3, plus roots, nous permet de découvrir des musiques rurales festives, syncopées et dansantes et des musiciens peu connus dans nos contrées. Par exemple, le trio Seibano aux riffs répétitifs dont l’accordéoniste serait un certain Chichito Villa. Ou encore l’ensemble du saxophoniste haïtien Nemours Jean-Baptiste avec Richard Duroseau à l’accordéon, les Dominicains Angel Viloria, qui imposera le meringue au début des années 1950 ; les cinq frangins des Talbot Brothers (guitares, contrebasse, ukulélé, chant), natifs des Antilles avec un dénommé Cromwell “Mandy” Manders à l’accordéon , la musique d’ambiance de Dick Contino ou les instrumentaux du Conjunto Madrigal, groupe mexicain avec violon et accordéon qui annonce le tex mex de Flaco Jimenez. À signaler Zingara, une perle qu’auraient adoréDidier Roussin et Cyril Lefebvre, interprétée en duo par Mario Gennarifilho (multi-instrumentiste originaire de São Paulo, ici à l’accordéon) et Garoto (guitare hawaienne). Qui à part Frémeaux pourrait sortir un pareil coffret ? Un must. »
Francis COUVREUX – ACCORDEON & ACCORDEONISTES
Francis COUVREUX – ACCORDEON & ACCORDEONISTES