« C’est en tant que premier ministre, donc en successeur de celui qui fut le premier socialiste à diriger la France – Blum accéda à la présidence du conseil dès mai 1936 – que Lionel Jospin saluait en décembre 1997 l’art oratoire de l’ancien élève de la rue d’Ulm qui aurait pu embrasser une carrière littéraire si l’engagement politique ne l’avait finalement emporté.
L’anthologie a d’autant plus de prix qu’elle donne à entendre le théoricien. » Le Monde 01/09/2006
A entendre les extraits d’allocutions réunis ici, on se surprend à ne plus faire attention au timbre haut et à la voix fluette de Blum, pour n’entendre que la tenue rhétorique du propos, la flamme de ses élans lorsqu’il harangue une foule, acquise ou à conquérir, l’expression fougueuse de ses convictions comme sa capacité à rendre son propos accessible à chacun, en pédagogue-né.
L’anthologie a d’autant plus de prix qu’elle donne à entendre le théoricien (dès 1929, quand il n’est qu’un leader d’une force d’opposition, mais encore en 1947, présidant la première session de l’Unesco) comme le meneur de foule qui appelle à la lutte contre le fascisme (12 février 1934) ou célèbre la victoire électoriale du Front populaire (3 mai 1936), l’homme d’Etat qui annonce et commente des décisions majeures comme l’orateur ému qui rend hommage aux figures dont il s’inspire (Jaurès, Briand) comme aux camarades de lutte, socialistes et/ou résistants qu’il évoque avec une sobriété exemplaire, de la douleur partagée avec les Lillois lors des obsèques de Roger Salengro à l’indignation devant l’impensable raffinement de l’assassinat de Jean Zay, au corps escamoté. On retiendra le culte qu’il rend ainsi au courage juvénile des ns et à l’« éblouissante activité » des autres (Brossolette), en retrait devant ces « hommes illustres ». Une modestie pour ce politique à la Plutarque. » Le Monde 01/09/2006