« Verve, spiritualité et clarté » par Classica

Contemporains de Mozart, ces trois concertos pour flûte élégants et superficiels illustrent les qualités et limites de la féconde école de Mannheim. Ces compositeurs originaires de Bohême élaborèrent un langage musical reconnaissable à la brillance et au charme de l’écriture. Destinées à magnifier le talent du soliste (nombre de ces pages furent écrites pour le virtuose Johann Baptist Wendling), ce sont les mélodies bariolées et les cadences virtuoses que nous admirons avant tout dans ces œuvres ainsi que l’équilibre parfait d’un processus concertant où tout semble calculé pour l’agrément, avec juste ce qu’il faut d’effets pour éviter qu’elles ne s’échouent sur l’écueil de la banalité la plus plate alors en vogue dans nombre de compositions. Verve, spiritualité et clarté caractérisent le jeu d’Alain Daboncourt. Le flûtiste se joue de toutes les difficultés techniques ; on appréciera notamment la précision de ses attaques dans le vaste Allegro du Concerto n°15 de Hoffmeister, qui réserve pourtant de périlleux sauts de registres. La réussite tient également à l’équilibre souverain entre le soliste et l’Orchestre Philharmonique de Kharkov, dont l’accompagnement d’une grande fluidité sert à merveille cette musique plus anecdotique que profonde, mais d’une grâce et d’une élégance immédiatement séduisantes. Un zeste d’extraversion supplémentaire et une palette de nuances plus large auraient renforcé notre plaisir.
Jean-Noël COUCOUREUX - CLASSICA