« Elle ne cessera jamais de déconcerter son public, se faisant élire présidente de l’Académie Goncourt malgré toute une vie de non-conformiste. A sa mort, en 1954, elle sera la première femme à recevoir des funérailles nationales, mais l’Eglise catholique refusera d’accorder une cérémonie religieuse à cette mécréante qui s’était exhibée quasi sur la scène dans sa jeunesse. Or, si Colette n’a jamais cessé de scandaliser, cela n’a pas toujours été pour des motifs sexuels. L’un des aspects les plus surprenants de sa carrière est sa est sa revendication d’une absence totale de vocation littéraire, son insistance sur l’écriture en tant que métier comme un autre — au même titre que le music-hall. Elle a toujours prétendu qu’elle n’aurait jamais écrit si Willy ne l’y avait pas poussée et par la suite s’il ne lui avait pas fallu gagner sa vie. En 1932, au sommet de sa gloire, elle ouvre un institut de beauté rue Miromesnil, avec des cartes publicitaires portant la légende provocatrice : « Que pensez vous du « second métier » de l’écrivain ? » Elle va à l’encontre de tous les poncifs, y compris celui de l’auteur désintéressé. Vers la fin de sa vie, au moment où elle est promue grand officier de la Légion d’honneur, par Jean Cocteau dresse un bilan dans son journal de l’existence insolite de celle qui fut son amie et voisine au Palais Royal : « Vie de Colette. Scandale sur scandale. Puis tout bascule et elle passe au rang d’idole. Elle achève son existence de pantomimes, d’instituts de beauté, de vieilles lesbiennes dans une apothéose de respectabilité. » »
Par LE MAGAZINE LITTERAIRE
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