« Vous aussi vous en redemanderez » par Daily Books

« Si vous ne connaissez pas le nom de Gérard Pierron, vous connaissez au moins celui de Gaston Couté. Il est de ceux qui évoquent quelque chose à nos mémoires sans que l’on puisse dire exactement quoi, mais quelque chose qui le ferait mériter le détour. Gaston Couté 1880 – 1911. Fils de meunier, il obtient son certificat d’études primaire à onze ans, et à dix-sept un poète Jules-Marie Simon lui recommande de s’exprimer en son parler paysan et en 1902 il est une vedette des cabarets montmartrois. Mais c’est un de ceux dont Léo Ferré chante « Y en a pas un sur cent et pourtant ils existent… Oui c’est un « anarchiste ». Un de ces individus d’avant la première guerre mondiale qui chantaient/disaient la vie de ceux qui ne savaient ni lire ni écrire – vous savez ceux que l’on a exécuté pour refus d’obéissance alors qu’ils ne connaissaient pas la langue qui donnait l’ordre. Couté serait un porte-parole, comme beaucoup de poètes, de ceux qui ne savent pas s’exprimer. Dans le petit livret qui accompagne les 3 CD Gérard Pierron écrit à propos de Gaston Couté : « Lisez-le à voix haute, il vient du parler populaire et paysan. Que ces écrits, grâce à vous, retrouvent la parole. (…) Que vous soyez de Bourgogne, du Midi, du Québec dites Gaston Couté avec votre accent. Si cela chiffonne certains intégristes patoisants, et il y en a, ce n’est pas grave » et j’ajouterai qu’avec un peu d’attention vous comprendrez ce patois. Parce qu’il parle de vous et de moi. Inspiré sans doute par l’illustration de la pochette qui me rappelle Gaston Chaissac et malgré les trois rapports de police proposés par le livret j’ose dire que l’anarchisme de Couté est très fréquentable et je suis sûr qu’après avoir passé quelques temps avec lui par le biais de Gérard Pierron vous aussi vous en redemanderez. Bonne écoute. »
Par Noé GAILLARD – DAILY BOOKS