corneloup - jardins ouvriers françois corneloup trio
François Corneloup - saxophones soprano, baryton Claude Tchamitchian - contrebasse Eric Echampard - batterie
Enregistré et mixé les 15, 16, 17 Novembre 1997 aux Studios la Buissonne par Gérard de Haro Montage et mastering Boris Darley Conception graphique Sandrine Plichon & François Corneloup
Merci à Françoise Bastianelli, Boris Darley, Gérard de Haro, Mireille Deliere, Sylvain Kassap, Véronique Mehrez, Patrick Selmer / François Corneloup joue Selmer
François Corneloup joue du saxophone. Soprano et baryton. Il en joue comme on lance dans la mélée. Avec cette même joie, cette même volonté de tester sa force, de toucher au plus près le sens collectif de l’action, cet oubli, cet effacement dans l’anonyme de l’effort partagé – de faire corps. L’énergie est sans doute la principale de ses qualités ; l’engagement physique, mental, émotionnel. Mais une énergie toujours tenue dans des cadres, intégrée dans des formes – son travail joue sur la tension, pas sur la destruction : il y a là une façon franche, directe de se heurter aux limites, moins pour les repousser, les annihiler, les subvertir, qu’en éprouver la résistance et faire avec cette contrainte. Alors, quand Corneloup se lance dans un projet en trio, c’est à partir de l’objet-trio, de l’outil-trio, de sa manière sonore, de ses jeux de timbre, de ses structures formelles, de ses types d’organisation propre, de ses traditions, de son histoire, de ses histoires… Que la musique naisse d’abord des instruments – la contrebasse grave et profonde, très vocale de Claude Tchamitchian ; le petit théâtre percussif d’Éric Échampard, tachiste et gestuel –, de leur matérialité, de leur caractère, de leurs relations… Pour que finalement de ces jeux de forces surgissent des formes, en expansion, en métamorphoses continuelles. C’est ce travail de la musique qui est si sensible et passionnant dans ce disque. Comment faire avec, ensemble, comment s’organiser ? Comment passer d’un état à un autre, d’une émotion à une autre ? Corneloup répond par une musique précise, ciselée, basée sur la dynamique, un rapport constant au rythme, à la pulsation, tenue, nourrie, sans cesse relancée. Une musique tout en équilibre et mobilité, toujours pensée “en perspective”, mettant en œuvre une grande variété de points de vue, sans jamais perdre le sens de la forme globale.Il y a là une conception très organique de l’orchestre, à la fois compact, dense dans sa matière sonore, et ouvert à la circulation des énergies – une véritable force en mouvement. Corneloup en est le vecteur principal, déployant une sonorité pleine, riche, habitée, constamment projetée dans un phrasé tumultueux, à la fois lyrique et curieusement serein, dénué de toute arrière-pensée. C’est sa force, cette intégrité. Stéphane Ollivier Les Inrockuptibles